INFOS EN FRANçAIS«Pour les détenus, c’est pire»
A 18 ans, Samuel Gauthier voulait être gendarme. Il a raté le concours, et réussi celui de surveillant pénitentiaire. «La prison, ça n’était pas une vocation», résume-t-il en riant. A l’écouter aujourd’hui, treize ans plus tard, force est de constater qu’il a pris goût à son métier. Ou, plus exactement, à l’idée qu’il s’en fait.
«Réinsertion». Samuel n’est pas du genre grandiloquent, mais, quand il parle de son travail, il dit souvent «mission». «Notre mission, c’est faire en sorte qu’on ne les voit pas revenir. Quand on arrive à convaincre un détenu de se remettre à travailler, de participer à un atelier, ou simplement de se lever... On se dit qu’on n’a pas perdu sa journée.» Le problème, poursuit Samuel, c’est que «ce travail de réinsertion» est devenu «impossible». A l’appel de son syndicat, la CGT, et de l’Ufap, Samuel manifestait donc jeudi à Paris pour réclamer «plus de moyens» et des conditions de travail décentes, rendues impossibles par le manque de surveillant et la surpopulation carcérale.
La surpopulation, avec 403 détenus pour 291 places, contribue au «climat de tension» que décrit Samuel. «Tout le monde est mélangé : les prévenus, les condamnés, les primo-délinquants et les récidivistes, les alcooliques, les toxicomanes...» D’où d’«énormes problèmes de cohabitation» à gérer pour les surveillants. «Etre entassés à quatre, parfois à six dans une cellule, ça rend nerveux et violent.»
«Psychologie». Optimiste de nature, Samuel craint pourtant pour l’avenir. «On sent déjà les conséquences de la loi sur la récidive. Des détenus qui arrivent avec des peines beaucoup plus longues, et que cela désespère au point qu’ils se laissent complètement aller. Ils disent : “Voilà, moi, j’avais un boulot, ma femme vient d’accoucher, et à cause de cette ancienne affaire je prends un an, je ne crois plus en rien, je laisse tomber.”» Quant aux nouveaux surveillants qui arrivent en prison, «ils sont surtout formés aux techniques de défense et de combat, et pas tellement à la psychologie», regrette Samuel. «L’effet Sarko frappe ici aussi.»
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Entre expulsions et développement, Hortefeux se réjouit de son bilan
Hier, Brice Hortefeux a célébré avec faste ses six mois à la tête du ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement avec un discours fleuve de plus d’une heure en présence de Liam Byrne, ministre délégué aux Frontières et à l’Immigration britannique, Marcella Lucidi, sous-secrétaire d’Etat auprès du ministre italien de l’Intérieur, et de Kessilé Tchala Saré, ministre de la Santé du Bénin. Son bilan ? Rien que du positif…
Reconduites à la frontière
Nicolas Sarkozy lui avait fixé un objectif de 25 000 expulsions pour 2007. Il en est à 18 600. Au risque de quelques bavures ? Interrogé sur le placement en rétention d’une famille avec leur bébé de trois mois, Hortefeux a contre-attaqué, demandant si l’on aurait préféré que cet enfant soit séparé de ses parents. Il a également mis en avant son bilan en matière de lutte contre le travail clandestin.
Immigration choisie
Concernant l’immigration de travail, Hortefeux a annoncé que les premières cartes «compétences et talents» seront distribuées avant la fin de l’année. Pour 2008, il en promet «au moins 2 000». Il a confirmé que trois listes de métiers ouverts aux étrangers ont été établies ; 150 concernent les ressortissants des nouveaux Etats membres, 30 ceux des pays tiers. La troisième liste concerne les pays avec qui la France souhaite «construire des relations privilégiées». Par exemple les Philippines, «premier fournisseur mondial d’infirmiers».
Codéveloppement
Enfin, rappelant que sa politique «ne se réduit ni à des chiffres [le nombre des expulsions, ndlr] ni à des lettres [«ADN», du fameux amendement de sa loi sur l’immigration]», Hortefeux a vanté ses projets de codéveloppement, «seule solution permettant de maîtriser les flux migratoires». Pour 2008, le programme «codéveloppement» est doté de 29 millions d’euros de crédits de paiement (+ 85 %). Le codéveloppement serait le visage humain de la politique anti-sans-papiers. Caution destinée à «faciliter l’appréhension et la maîtrise des flux migratoires».
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Un élève turc emmené vendredi matin à l'aéroport pour être expulsé
Un lycéen turc d'origine kurde en situation irrégulière a été emmené vendredi matin à l'aéroport parisien de Roissy-CDG (Val-d'Oise) pour y être expulsé sur un vol prévu à 10H05, a-t-on appris auprès du Réseau éducation sans frontières (RESF), qui va envoyer une délégation à l'aéroport.
Jeudi, les élèves du lycée professionnel Auguste-Perdonnet de Thorigny-sur-Marne (Seine-et-Marne) s'étaient mis en grève pour soutenir leur camarade, Ibrahim Arpaci, 21 ans. Ils avaient prévu de se rendre devant le tribunal de Meaux (Seine-et-Marne) lundi où il devait comparaître devant un juge de la liberté et de la détention.
Ibrahim Arpaci avait été interpellé le 26 octobre devant son lycée, et placé au centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), selon RESF.
Conduit à l'aéroport de Roissy-CDG vendredi dernier, pour un embarquement à bord d'un vol à destination de la Turquie, il a été ramené au centre de rétention, selon la Cimade, association habilitée à aider les personnes détenues en rétention.
Selon RESF, le commandant de bord aurait refusé de faire embarquer M. Arpaci en raison d'une action de plusieurs dizaines de militants de RESF et de lycéens à l'aéroport.
Arrivé en France il y a deux ans, M. Arpaci, dont les parents selon RESF vivent en Turquie, prépare un BEP d'électronique, à l'issue duquel il devrait être embauché par son oncle, un Kurde de Turquie régularisé en France au titre du droit d'asile.
Son recours devant le tribunal administratif de Melun contre son arrêté de reconduite à la frontière a été rejeté, selon la Cimade.
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Comment Sarkozy a séduit l’Amérique
Vingt-six heures pour une opération séduction à Washington. Pour tourner la page de la brouille irakienne et se réconcilier avec les Etats-Unis, Nicolas Sarkozy a usé, mardi et mercredi, des ficelles du show à l’américaine. Au risque d’en faire trop.
A peine débarqué mardi, le chef de l’Etat teste le discours qu’il doit prononcer le lendemain au Congrès devant un parterre d’entrepreneurs. «Le peuple français aime les Américains», lance-t-il... avant de préciser, rigolard : «Les élites, c’est autre chose.» Il enchaîne avec des messages simples qui font mouche : «Ce qui était anormal, c’est qu’on soit fâchés. Ce qui est naturel, c’est qu’on soit amis.» Plus tard dans la soirée, en smoking à la Maison Blanche, il porte un toast lors du dîner officiel offert par les époux Bush : «Je veux reconquérir le cœur de l’Amérique [...]. Nous sommes des amis, des alliés depuis toujours et pour toujours.» L’assemblée lève son verre en grognant un «yaaaeeh !» approbateur.
Accompagné par ses ministres incarnant la diversité (Rachida Dati, Rama Yade), l’ouverture à gauche (Bernard Kouchner) et la féminisation de son équipe (Christine Lagarde), il n’a cessé de les mettre en avant : «Ils sont le nouveau visage que je souhaite donner de mon pays», a-t-il expliqué, sans oublier d’aller saluer Dominique Strauss-Kahn, le nouveau patron du FMI. Une gaffe cependant, lorsqu’il a voulu faire l’éloge du melting-pot américain en saluant en Condoleezza Rice et Colin Powell – deux Noirs –, des gens «qui ne sont pas des Américains de longue date». Par-dessus tout, il a vendu son produit favori, lui-même, avec son «ambition intacte», son volontarisme, ses réformes, son dynamisme, etc. «Solo, ladies !» s’est exclamé le Washington Post en racontant l’arrivé du «freshly divorced Sarkozy» à la Maison Blanche.
John Wayne, Elvis, Marilyn Monroe, les «grands espaces», la «force morale et spirituelle»... Sarkozy n’a pas lésiné sur les clichés pour s’offrir des standing ovations au Congrès. Ses audaces sur son rejet du capitalisme spéculatif et la nécessité pour l’Amérique de porter le combat de l’environnement ne suffisent pas à dissiper son complet virage atlantiste.
Lors de la conférence de presse finale à Mount Vermon, la demeure de George Washington, Bush s’est à son tour livré à un grand show, persuadé d’avoir trouvé en Sarkozy «un partenaire pour assurer la paix dans le monde». Accolade, main sur l’épaule, le très démonstratif Bush a fini par crisper son nouvel ami. Comme si celui-ci se souvenait que Bush reste le leader le plus impopulaire en France et qu’il aurait été prudent de marquer quelques distances.
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La mobilisation étudiante s'étend, Pécresse fait un geste
La mobilisation étudiante contre la loi Pécresse s'est encore étendue jeudi, avec de nouveaux blocages dans les universités et des manifestations, un mouvement que le gouvernement a tenté d'apaiser en annonçant une majoration des crédits dédiée au logement étudiant.
Peut-être soucieuse de désamorcer la crise qui a pris une ampleur inattendue depuis le début de la semaine, la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a consenti devant l'Assemblée nationale à déplacer 11 millions d'euros de son budget 2008, de la rénovation de Jussieu à celle des logements étudiants.
Evoquant "une concession claire à la mobilisation", le président de l'Unef et leader du mouvement contre le CPE, Bruno Julliard, a déclaré à l'AFP que cette rallonge budgétaire était "de bonne augure", quoique "insuffisante".
"La première leçon que je tire, c'est que les étudiants ont raison de se mobiliser. Ils doivent poursuivre et amplifier la mobilisation pour obtenir d'autres concessions", a-t-il ajouté faisant état de la participation de "10.000 étudiants" dans les assemblées générales (AG) jeudi (environ 1,4 million d'étudiants sont inscrits à l'université, ndlr).
A Paris, alors que Paris I (Tolbiac), occupée mercredi soir, a été fermée administrativement et qu’un blocage total ou partiel a été voté en AG jeudi pour Paris X-Nanterre, plus de 500 personnes ont manifesté et se sont opposées brièvement aux forces de l'ordre, lorsqu'ils ont voulu modifier leur itinéraire pour rejoindre la très symbolique Sorbonne. Après avoir pénétré dans les locaux, une trentaine d'étudiants en sont ressortis sans incident.
Sur les banderoles des différents défilés, on pouvait lire: "CPE on t'a eu, Pécresse on t'aura", "Retrait de la loi Pécresse, solidarité étudiants travailleurs", "avec la loi Pécresse, université en détresse".
Les acteurs du mouvement, lancé subrepticement par le Collectif étudiant contre l'autonomie des universités" (CECAU) - des organisations de jeunesse d'extrême gauche - demandent l'abrogation de la loi Pécresse sur l'autonomie des universités, votée cet été, estimant qu'elle va organiser un désengagement financier de l'Etat dans l'enseignement supérieur.
Reçus par Mme Pécresse, les responsables de deux autres organisations représentatives - la Fage, l'Uni, - se sont prononcés contre les blocages, tandis que la Confédération étudiante refusait qu'ils soient le "fait d'une fraction de minoritaires".
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Erdogan déçu mais prêt à une offensive anti-PKK
Le premier ministre revient bredouille de Washington et déclare qu’une opération militaire contre le PKK au nord de l’Irak est en préparation.
Parti à Washington afin d’obtenir le feu vert pour une intervention dans le nord irakien contre les bases du PKK, Tayyip Erdogan est revenu quelque peu bredouille. Si pour le président américain le PKK est « l’ennemi de la Turquie », donc un « ennemi des États-Unis », Bush n’a promis qu’un « partage des renseignements » en matière de lutte antiterroriste. Washington serait « prêt à aller plus loin », mais sans autre précision. Ankara a obtenu que les États-Unis fassent pression sur la région autonome du Kurdistan irakien afin d’arrêter le financement du PKK.
À l’évidence, le chef du gouvernement turc ne se faisait pas trop d’illusion sur un éventuel feu vert américain. À l’issue de son entretien avec le président américain, Erdogan a toutefois laissé entendre qu’une offensive dans le nord de l’Irak était toujours en préparation : « Le processus d’une opération a débuté dans les faits avec l’autorisation du Parlement (le 17 octobre). » Rappelons que, lors de la conférence internationale sur l’Irak, qui s’est déroulée vendredi et samedi à Istanbul, les participants (pays voisins de l’Irak, États-Unis, UE, ONU et G8) se sont bornés à condamner le terrorisme et à affirmer que « le territoire irakien ne doit pas servir pour des attaques contre ses voisins ».
En fait, Washington craint qu’une incursion turque en Irak ne dérape en un conflit régional. L’Iran, par exemple, serait prêt à imiter l’exemple turc pour en finir avec le PJAK (mouvement armé kurde iranien), basé également dans le Nord irakien, d’autant plus que le Kurdistan irakien pourrait devenir à son tour un lieu d’opérations des islamistes radicaux. Car Ansar al-Islam (groupe radical islamiste kurde) n’attend, dit-on, que l’occasion d’un conflit ouvert pour passer à l’action. Or, précisément, Washington tient à la stabilité de cette région irakienne. C’est ce qu’a expliqué en substance le président américain au premier ministre turc, dit-on à Istanbul. Qui plus est, avec ce qui se passe au Pakistan, autre allié des États-Unis, et en parallèle des discussions que mènent Condoleezza Rice avec les Palestiniens et les Israéliens, la diplomatie américaine se trouverait dans une situation plus ou moins problématique. Aussi, le président américain a-t-il demandé à Erdogan de patienter, car la priorité, pour l’heure, est accordée par la diplomatie américaine à la gravité de la situation au Pakistan.
Reste à savoir si les généraux turcs, qui ont affirmé qu’ils attendraient l’issue de la visite d’Erdogan avant d’agir à la frontière irakienne, vont se satisfaire des explications américaines. Les médias turcs, proches de l’armée et des partis anti-kurdes, notamment le MHP (droite nationaliste) et le CHP (kémaliste), continuent à chauffer l’opinion turque. Certains lancent carrément des appels à une intervention militaire ouverte sans tenir compte de l’avis des États-Unis. Quant à l’armée turque, qui a massé quelque 100 000 hommes lourdement armés à la frontière, il n’est pas question qu’elle allège son dispositif. Et si le PKK, soumis à la double pression de ses frères kurdes d’Irak et de Turquie, paraît obtempérer, il n’en reste pas moins qu’il est, lui, également sur ses gardes dans ces monts de Caudi et de Qandil. Un simple incident entre l’armée turque et le PKK pourrait suffire pour que cela dégénère en conflit pouvant donner l’occasion à Ankara de pénétrer dans le nord irakien.
ET ENCORE DESOLEE!!! Promis, la semaine prochaine, vous aurez tout en audio!